dimanche 21 avril 2013

Interview partie 3 : La symphonie des couleurs Agnès Domergue (auteure)





 La symphonie des couleurs Agnès Domergue (auteure)
 

La symphonie des couleurs est un album résolument mélomane. Êtes-vous musicienne ? Ou peut-être peintre ?  

Je suis effectivement musicienne, je suis altiste. Je suis professeur d’alto dans un conservatoire, membre d’un quatuor, je dirige un orchestre.

L’album pousse à l’imagination et montre le rapport sons et couleurs. C’est une nouvelle façon d’envisager les choses. Pensez-vous que cette association sons et couleurs puisse aider à la lecture ?

Je me suis inspirée de Kandinsky et Messiaen, des synesthètes. Ceux qui perçoivent un phénomène par plusieurs sens, entendent un son quand ils voient une couleur. Bien sûr, cela peut aider à la lecture. Je pense que lorsqu’on ouvre un livre, tous les sens sont liés, en éveil, on sent l’odeur du papier, on entend le bruit des pages, on touche le livre. Le fond et la forme sont liés. La littérature jeunesse est destinée aux enfants comme aux adultes, elle n’a pas d’âge limite. Cet album permet de faire des expériences, lorsque j’entends un son, est-ce-que je l’associe à une couleur ?

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ? Comment êtes-vous venue à l’édition jeunesse ?

J’ai fait des études de musique haut niveau, au CNSM de Paris. J’ai ma classe, mon quatuor, mais je ressentais le besoin d’une nouvelle flamme. J’aimais déjà les livres jeunesse pour mon plaisir. Je me suis mise à dessiner et me suis inscrite sur un forum d’illustrateurs jeunesse. J’ai commencé par l’illustration puis ai eu envie d’écrire pour des univers graphiques de mon choix.

Cet album sensibilise à l’art et à la musique classique, de façon ludique. Pensez-vous qu’il est important de proposer aux enfants une approche ludique de la culture ? A partir de quel âge ?

Oui bien sûr et le plus tôt possible ! Les adultes ont le défaut d’intellectualiser les choses alors que les enfants, plus spontanés et ouverts, sont neutres face à l’art. 

D’autres projets sur la musique ? Que penseriez-vous d’un album CD ?

J’aimerais beaucoup faire un album CD. Bien sûr c’est un projet à réfléchir en amont, à mûrir.
Je garde dans un coin de ma tête le projet d’une méthode pour alto que j’illustrerais.



Interview partie 2 : Moi, princesse Margot, Caroline Pistinier (auteure, illustratrice)


      Moi, princesse Margot Caroline Pistinier (auteure, illustratrice)



Moi, Princesse Margot traite un sujet sensible : les problèmes d’élocution. Pourquoi ce sujet vous tenait-il à cœur ? 

Je suis la marraine d’une petite fille qui a eu des problèmes d’élocution et me sens attirée par les sujets sensibles, comme le handicap. Je désire dédramatiser ces problèmes fréquemment rencontrés par les enfants.

Les illustrations très originales mêlent photos et dessins avec des clins d’œil anachroniques. Comment les travaillez-vous ? Quel logiciel utilisez-vous ? Ecrivez-vous l’histoire puis vous illustrez ?

Je commence toujours par crayonner, et utiliser l’aquarelle. Je scanne les images, les superpose, je scanne également des matières cherchées sur le Net et fais mon mélange.

Les détails anachroniques et le côté volontairement désuet de la princesse sont-ils faits pour en faire une petite fille intemporelle ?

Oui mais ce sont aussi des clins d’œil humoristiques,  qui participent également à la dédramatisation. Il s’agit de montrer que nous ne sommes pas dupes ! 

Que penseriez-vous d’une version adaptée aux enfants en difficulté de lecture, par exemple une version numérique où le texte est lu et surligné en couleur au fur et à mesure afin d’aider à suivre ou des phrases plus espacées afin de faciliter la lecture ?

Pourquoi pas, je pense qu’aujourd’hui il est indispensable de jouer avec les nouvelles technologies.

Avez-vous d’autres projets en cours ?

J’aimerais republier Clara et Bérénice qui traite de la trisomie 21.
 

Interview au salon du livre du Plessis-Robinson partie 1 : L’enfant qui n’aimait pas rêver Lorraine S.-Heymes





  Le conteur tome 1 : L’enfant qui n’aimait pas rêver Lorraine S.-Heymes (auteure)


L’enfant qui n’aimait pas rêver est votre premier roman jeunesse. Pourquoi avoir choisi d’écrire pour les enfants ?

Le besoin d’écrire m’est venu après la naissance de mon fils. J’ai eu envie de lui écrire une histoire, il avait alors 3 mois et de réaliser mon rêve afin de ne pas le lui faire porter.

Comment avez-vous trouvé un éditeur ?

J’ai envoyé une dizaine de manuscrits, notamment au Seuil et à l’Ecole des Loisirs. L’Ecole des Loisirs a apprécié et m’a conseillé d’autres maisons d’édition plus adaptées à ce genre de roman.

Quel est votre parcours professionnel ? Vos études, votre métier ?

J’ai passé un baccalauréat A1, puis j'ai fait un DEA lettres modernes et psychanalyse ainsi qu'un DESS de psychopathologie clinique. Je travaille désormais en psychiatrie et j'ai mon cabinet pour les enfants, adolescents et adultes.
J’ai toujours été une grande auditrice d’histoires et une lectrice assidue. Petite, je dictais déjà des histoires à mes parents. J’ai toujours écrit, c’est un besoin. Mon mémoire de recherche m’a permis mes premiers longs écrits, j’ai rédigé des articles de journaux puis ce manuscrit pour mon fils.

Comment construire un personnage comme Ulysse ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Il y a bien longtemps, j’ai écrit deux pages sur une petite fille pour ma demi-sœur. Quand mon fils est né, ce personnage m’est revenu. J’avais besoin de prendre mon temps. La maison des grands-parents  et la remise existent et m’ont inspirés. J’écris au fil de la plume, la construction du texte est en partie imprégnée de mes précédentes élaborations de mémoire. Heurtée par les enfants qui n’aiment pas lire, je pense qu’il est indispensable d’avancer avec la conscience de son passé, de ses origines. Il est possible d’entrer dans sa propre histoire via la mythologie, de se construire par rapport aux contes. 

Ce roman encourage à croire encore aux histoires, aux contes et légendes, pensez-vous que l’on grandit trop vite et que ce roman est en quelque sorte une façon détournée de rester dans l’enfance et ses rêves ? 

Pour moi, grandir signifie continuer à croire, espérer, rêver. Le rêve est un support pour la réalité, comme les arts, cela permet de rester en contact avec soi-même. L’imaginaire est la vie.

Ce roman fantastique est très littéraire dans son écriture et les sujets évoqués. Est-ce une volonté de votre part ? 

Oui, j’avais la volonté de faire quelque chose de très littéraire, accessible, mais exigeant. Un bon niveau adapté aux enfants. Je pense qu’il faut transmettre les mots aux enfants afin de leur permettre d’exprimer ce qu’ils ressentent, leur donner les clefs.

L’idée d’une trilogie vient de vous ? Comment travaillez-vous ? Avez-vous les plans précis de votre histoire que vous rédigez ensuite ? 

Ma façon de travailler vient de mes mémoires et articles précédents qui implicitement structurent mes récits. L'idée de la trilogie est venue petit à petit. Je me suis rendue compte que deux tomes ne suffiraient pas... L'histoire a grandi au fur et à mesure. Elle continue toujours d'ailleurs... J'écrivais au fil de la plume. Au bout d'un moment, j'ai commencer à faire lire à ma sœur et nous en discutions. Elle a beaucoup soutenu ce projet.

Que pensez-vous de la mise en page originale et très épurée pour un roman ado ? Des illustrations ?

Cette mise en page est un choix partagé avec l’éditrice. J’ai travaillé avec un ami illustrateur. Tous trois nous partageons un attrait pour ce côté épuré, à l’opposé des romans adolescents racoleurs et tous semblables. Nous voulions considérer les enfants comme des grands, et le blanc laisse une marge à l’imaginaire, une grande liberté d’interprétation.